Textes empruntés aux

"COQUETTERIES DE LA MUSE

oeuvre poétique, littéraire, historique et scientifique

d'un intérêt général"

par Daniel-Félicien Clément

où il nous fait une description de la région à la fin du XIXe siècle.

 

 

Poésie sur les environs de Châtellerault

J'ai un souvenir dans le coeur

Rempli d'émoi et d'ardeur,

Et qui m'entraîne souvent

Vers ce pays charmant,

Aux séjours enchantés,

Plein de voluptés,

Aux riantes plaines,

Si vertes et sereines,

Dans la brise des champs,

Des coteaux verdoyants,

Des verts pâturages,

De ces beaux rivages

Sillonnés de rivières,

Doux pays ! de toi je suis fier,

Des sites et arsenaux,

Et tes manufactures de couteaux.

 

Paysages des environs de Châtellerault

Vallée de la Vienne

Ingrandes, arrosée par la Vienne, claire et limpide comme la rosée du matin, l'eau dans son sillage aux ondes grandissantes dont le batelier de sa rame refoule l'eau en boule de verre et d'argent, les terres sont fertiles et bien cultivées. Sur les rives, auprès du pont et de la berge, se trouve une petite île merveilleuse, non loin du débarcadère.

A droite et à gauche, remontant vers Châtellerault, il y a des prairies et des coteaux verdoyants, l'eau de la Vienne et les arbres forment un temple délicieux et les routes blanches deviennent de minces et sinueux rubans qui serpentent, s'entrelacent, s'étagent comme les allées d'un domaine princier.

Remontant les bords de la Vienne, j'arrive au petit bourg d'Antran, et je suis toujours en visitant le merveilleux château de la Borde ; continuant ma route sur Châtellerault, je traverse la belle passerelle du chemin de fer de l'Etat. J'entends déjà le bruit des marteaux-pilons de la Manufacture d'Armes.

Cette manufacture très importante et remarquablement construite sur le bord de la Vienne, emploie de 4.000 à 8.000 ouvriers suivant les besoins de l'armée française et aussi suivant les commandes d'armes qui sont données à l'entreprise de cette manufacture par les puissances étrangères.

Châtellerault est traversé par un important cours d'eau, la Vienne, affluent de la Loire. Les deux parties de la ville sont reliées entre elles par un pont magnifique construit sous Henri IV, par Sully.

Carte postale. Vue générale aérienne, le pont Henri IV (longueur 44 m)

Le pont Sully (tel est son nom), possède d'un bout, deux tours ressemblant à des forteresses. Ces tours ont eu à subir bien des assauts pendant les différentes guerres, civiles ou autres qui se sont succédées en France.

A l'autre bout se trouve un pavillon servant d'habitation et une grande maison bourgeoise.

Au moment où j'écris ces lignes, la ville de Châtellerault fait abattre cette grande maison pour continuer le quai de la Vienne jusqu'à la rue du Château-d'Eau. A cet endroit, le nouveau quai se reliera avec l'ancien qui va jusqu'à l'écluse en face la manufacture d'armes.

La ville de Châtellerault est aujourd'hui dotée d'un nouveau pont reliant la rue du Château-d'Eau et la rue Saint-Marc.

Ce nouveau pont est d'une grande utilité pour les nombreux ouvriers qui se rendent à la manufacture.

L'église Saint-Jean l'Evangéliste, dans Châteauneuf, est particulièrement belle à l'intérieur. Sa Majesté Nicolas II, empereur de Russie, fit don à cette église d'une cloche d'une richesse et d'une beauté admirable.

Carte postale. Le pont Camille-de-Hogues.

Châtellerault a une promenade magnifique, dite le Plan, agrémentée par de beaux arbres, riche par ses cafés, l'hôtel de ville, la façade et la flèche de l'église Saint-Jean-Baptiste, le théâtre municipal avec de belles maisons tant sur ce plan que du côté du petit Paris, quartier riche, et la belle gare d'Orléans avec ses jardins fleuris font la beauté de ce quartier de la ville.

Au sud du plan se dresse dans le jardin de ville, garni de massifs de fleurs, la statue de la République, ce jardin ombrageux fait l'ornement de la ville.

Dans la Manufacture d'Armes, il y a un tronçon de chemin de fer de la ligne de l'Etat au pont d'Estrées.

De là se déroule la route de Bordeaux, une petite rivière l'Envigne, sillonnant au-dessous de Besse la vallée de Scorbé-Clairvaux.

Me voici dans la forêt de Châtellerault, pleine d'échos réveillés, dans les bois dont chaque hiver épaissit le tapis de mousses vertes et de feuilles érugineuses, ainsi que chaque printemps en renouvelle le vélùm toujours agité et murmurant secoué par la brise.

Telle une mer suspendue, une mer d'eau verte qu'illuminent des flèches d'or. Le long des plaines du bourg de Cenon, en face d'une belle île et près du site charmant de Robinson, paysages ombrageux, encadrés du gazon vert au milieu de ses moulins et prairies, l'on s'arrête l'oeil ébloui d'un éclair, d'une lumière dorée et d'un soleil merveilleux avec des reflets scintillants sur cette eau de la Vienne où les amoureux peuvent canoter gaiement dans le silence et cette lumière merveilleuse et sublime.

Carte postale 1906

Mes souvenirs de jeunesse

Dans les frais vallons de Châtellerault,

    Les riantes prairies,

Les bords de la Vienne où  parlent les échos

    Venant des pentes hardies,

Avec les îles et le tic-tac des moulins

    Que l'on entend sans cesse,

Et les ormeaux sur les bords des chemins,

    Jetant leur ombre épaisse.

Avec la forêt boisée d'arbres aux rustiques couleurs

    Où la bruyère fleurit,

Dans les sentiers où croissent tant de fleurs,

    Que je t'aimais Marie !

Avec la chute d'eau de l'écluse si belle au printemps

    Et le murmure des eaux,

Avec tous ces beaux sites, souvenirs d'antan,

    Les bois peuplés de mille oiseaux,

Avec des grands arbres abritant les maisons,

    Où chantaient les bergères,

Aux pieds des sapins noueux, verts en toute saison,

    Foulant les blés morts et les fougères,

Combien de souvenirs quand je pense à ces lieux ;

    Ils animent ma pensée.

Revenez à ma voix, instants délicieux

    D'une époque passée,

Pays des souvenirs où tressaille mon coeur,

    Vertes collines et riantes prairies,

Doux séjour où mon âme a rêvé le bonheur,

    Je t'aimerai toujours, Marie.  

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