Ernest Soreau et Eugénie Pichon


Ernest Soreau est né en 1887, fils de Jean-Baptiste et Radegonde Prévost et Eugénie Pichon, née en 1892, sont du même village, Thuré. Il est évident qu'ils se sont rencontrés au village mais n'ont pas été à l'école ensemble car Ernest est né à Saint-Martin-la-Rivière (près de Chauvigny) aujourd'hui Valdivienne et y a fait sa scolarité jusqu'à l'âge de 11 ans.

Esnest est dans la culture et Eugénie lingère-couturière. Ils se sont mariés le 2 décembre 1911 et, dans la foulée ils ont donné naissance à Yvette en mai 1912 qui malheureusement ne connaîtra pas longtemps son papa, car en août 1914, c'est le départ à la guerre qu'il réussit à traverser en partie, puis se fait tuer dans un accident de chemin de fer (l'une des plus grandes catastrophes ferroviaires du siècle) à Saint-Michel-de-Maurienne le 12 décembre 1917.

Eugénie avec sa maman Adèle vont assurer l'éducation de Yvette et lui apprendre le métier de couturière

Un malheur venant rarement seul, Eugénie décédera en 1933 à l'âge de 40 ans de la maladie du moment : la tuberculose, qui devenait un véritable fléau car le vaccin n'existait pas ou n'était pas obligatoire.

 

La permission fatale

Parti à la guerre en août 1914 comme tous les jeunes de cette génération, il a combattu dans l'Est puis, en octobre 1917, il part pour l'Italie en renfort de l'armée italienne, dont les soldats s'étaient mutinés. Car les Allemands voulaient envahir également l'Italie. En décembre 1917 il obtient une permission qui lui fut fatale. En effet, il était dans ce train de permissionnaires maudit dont tous les journaux de l'époque se firent l'écho. Beaucoup de corps étaient calcinés et le bilan fut toujours imprécis. Le chiffre de 267 étant celui de l’autorité militaire qui, responsable, a minimisé un maximun. En réalité en ajoutant les blessés qui succombèrent dans les quinze jours qui suivirent, le vrai chiffre avoisine les 675 morts.

 

Le corps de Ernest Soreau ou ce qu’il en restait était au cimetière de Saint-Michel-de-Maurienne, et tous les restes furent transférés en 1962 au cimetière de Lyon La Doua.

 

 

Articles parus dans "la Dépêche" du samedi 15 décembre 1917

UN DERAILLEMENT EN SAVOIE

Au cours de la nuit du 12 au 13 décembre, un grave accident de chemin de fer s'est produit dans la région de la Savoie où un train de permissionnaires venant d'Italie a déraillé. Toute idée de malveillance doit être écartée.

D'après les premières nouvelles, le chiffre des blessés sera élevé, on compterait malheureusement des morts.

Les familles des victimes ont été prévenues ou le seront dans le plus bref délai. Toutes mesures utiles ont été prises avec la plus grande diligence pour assurer aux blessés les soins nécessaires. En raison de cet accident, un certain retard est à prévoir dans l'arrivée des permissionnaires d'Italie actuellement en cours de route.

 

"La Dépêche" du mercredi 19 décembre

OBSEQUES EMOUVANTES

Nous avons relaté la catastrophe de chemin de fer qui se produisit sur la ligne de Modane près de Saint-Michel-de-Maurienne. C'est un train de permissionnaires français de l'armée d'Italie qui, à la suite d'une rupture d'attelage de la locomotive, fut précipité dans un ravin. Le nombre de blessés et de morts que l'on croyait d'abord restreint se révéla malheureusement élevé.

Hier les obsèques des victimes ont eu lieu. La population de Saint-Michel-de-Maurienne tout entière, après avoir sans relâche dès la première heure coopéré au sauvetage des blessés, a assisté à la cérémonie qui fut poignante. Le gouvernement était représenté par le ministère de la Justice. Sur les tombes ouvertes, M. Louis Nail a prononcé un émouvant discours.

 

Registre matricule (dossier militaire)

Ernest Clotaire Soreau. Né le 18 janvier 1887 à Saint-Martin-la-Rivière, fils de Baptiste Soreau et de Radegonde Prévost. Résidant à la Bodinière à Thuré. Cultivateur.

Signalement : cheveux blonds, sourcils châtain, yeux gris, front couvert, bouche moyenne, menton rond, visage ovale. Taille 1,61 m. Cicatrice peu profonde oeil droit. Degré d'instruction générale : 3.

Etat des services : inscrit sous le n° 8 liste de Châtellerault, dirigé le 7 octobre 1908 sur le 21e régiment d'infanterie. Arrivé au corps ledit jour n° 13582 soldat de 2e classe.

Envoyé en congé le 21 septembre 1910, en attendant son passage dans la réserve. Certificat de bonne conduite accordé.

Passé dans la réserve de l'armée active le 1er octobre 1910.

 

Rappelé à l'activité par décret de mobilisation le 1er août 1914.

Arrivé au corps le 3 août 1914. Dirigé sur la 9e section.

Maintenu au service auxiliaire par décision de la commission de réforme de Châtellerault du 11 novembre 1914 n° 282, reste affecté à la 9e section COA.

_ Passe à la 15e section de PGA le 11 décembre 1915. Maintenu au service armé apte à l'infanterie.

_ Passé au 163e régiment d'infanterie le 5 octobre 1916.

_ Passé au 126e régiment d'infanterie le 23 avril 1917.

Disparu dans la nuit du 12 au 13 décembre 1917 à Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) (avis officiel du 2 avril 1918 n° 8272). Décès fixé au 12 décembre 1917 par jugement, déclaration du décès rendu le 14 décembre 1918 par le tribunal civil de Saint-Jean-de-Maurienne. (Avis officiel 17 avril 1919).

Campagne : Contre l'Allemagne du 3 août 1914 au 12 décembre 1917.

Citations : Citation à l'ordre du régiment n° 99.

Bon et brave soldat. Belle attitude au feu notamment en Artois et à Verdun.

Mort pour la France le 12 décembre 1917. Médaille militaire à titre posthume.

Note : Bon et brave soldat, belle attitude au feu. Mort pour la France le 12 décembre 1917 suite d'un accident survenu alors qu'il se rendait en permission de détente avant de poursuivre les durs combats de la campagne 1914-1918.

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Sources complémentaire : http://www.france-savoie.com/guide/fr/histoire/Annee_10.shtm ou http://gparam.free.fr/index1.html (excellent site de Gérard Parramon. Pour se rendre sur la page et connaître les détails de l'accident aller  dans "Docs" et "Catastrophe") mais ses autres pages valent vraiment le coup qu'on s'y attarde et qu'on y revienne.