Le week-end du 25 et 26 avril 2004, l'association Thuré ma commune au fil de l'histoire présente une exposition portant sur la chasse. Ci-dessous l'article tiré du bulletin n° 11 de T.M.C. retraçant l'histoire de cette activité depuis la fin du Moyen Age jusqu'à nos jours :

 

"C'est à la fin du Moyen Age que le pouvoir royal a limité la chasse pour finir par l'interdire totalement aux roturiers, bourgeois ou paysans. Dès le XIVe siècle, une ordonnance (datée de 1397) affirme que le droit de chasse doit être réservé au roi d'abord, puis aux princes et aux gentilshommes.

De nombreux roturiers pratiquaient malgré tout la chasse au furet ou au fusil en défiant souvent les gardes-chasses privés ou les gardes des maîtrises des Eaux et forêts qui s'aventuraient à leur demander des comptes ou même à leur confisquer leurs fusils.

Les armes sont réservées aux nobles, dont c'est le métier. Il y avait aussi les poches, couramment utilisées dans la chasse au lapin : ces filets en forme de poche, placés sur le passage des lapins ou accompagnés de grain comme appât, et maintenus ouverts par une fine baguette, servaient à prendre "connils" et perdreaux.

Les chiens étaient le plus souvent de race adaptée au type de gibier poursuivi. Seuls les chiens courants étaient autorisés, car seuls dignes d'une activité d'honneur et non de profit. La chasse au chien d'arrêt était considérée comme une chasse vile, purement "cuisinière", non sportive...

Enfin le furet, "qui court, qui court", régnait en maître contres les lapins, beaucoup trop prolifiques et chassés même par les gardes-chasses. Aux Archives de la Vienne, on trouve des pièces de procès contre des braconniers, comme ce Hilaire Miton, de Besse, qui "furète" dans la forêt royale de Châtellerault et qui, pour se disculper, "mouille" le garde qui venait de perquisitionner chez lui quelques jours auparavant.

 

Lire les minutes du greffe de la maîtrise des Eaux et Forêts de Châtellerault (4 avril 1772)

 

Les lapins de garenne faisaient l'objet de dispositions spéciales. Généralement, on reconnaît les garennes au long mur d'enceinte qui les entoure. A Thuré, la Pinotière et la Barbelinière avaient leur garenne, mais seule reste celle de la Barbelinière. Le droit de posséder une garenne était très limité.

C'est ainsi que le seigneur de Thuré demande à Louis XI, roi de France (et vicomte de Châtellerault) la permission de créer une garenne sur ses terres.

 

Louis, Roi... faisons s'avoir à tous la demande de notre aimé et loyal cousin, Louis d'Anjou, bâtard du Maine, seigneur de Mézière-en-Brenne, de Sainte-Néomaye et de Thuré, sigtués en notre pays de Poitou, contenant que : le bien de Thuré est situé dans un pays bon et fertile. Que cette seigneurie de Thuré possède des domaines de grandes étendues, et qu'il y a des lieux très propres et convenables à y faire des garennes et repaires à connils, lièvres et autres bêtes, et que, s'il y avait cette garenne, cela serait très profitable au revenu de sa terre et seigneurie.

Aussi, avons donné et octroyé à notre cousin la permission de faire en sa terre et seigneurie de Thuré, garenne et repaires à connils, lièvres et autres bêtes, garnie de clapiers et environnée de fossés et autres choses nécessaires à faire une garenne. Celle-ci sera défendue aux autres chasseurs.

Janvier 1482.

Archives historiques du Poitou, tome 41, pages 483-485

 

Quant au gros gibier, cerfs, chevreuils (ou bêtes rousses) et sangliers (bêtes noires), le droit de les chasser appartenait exclusivement aux nobles.

La Révolution a apporté un changement radical en matière de chasse : la nuit du 4 août 1789, en abolissant les privilèges, supprima du même coup le privilège seigneurial de la chasse et donna à chaque propriétaire le droit de chasser sur ses terres mais non sur les terres du voisin ou sur un territoire commun. Ce n'est que bien plus tard que furent créées les chasses communales à côté des chasses privées.

Cette conquête du droit de chasse par les "roturiers" qui en avaient été si longtemps privés fait que la France est de loin le pays d'Europe qui compte le plus de chasseurs (environ 1,5 million en l'an 2000). Mais les chasseurs sont souvent accusés d'être des destructeurs de la faune sauvage et responsables de l'appauvrissement des espèces. La chasse devient un enjeu entre chasseurs et écologistes. Or ce sont souvent les chasseurs eux-mêmes qui réintroduisent des espèces comme des chevreuils ou les cerfs, qui avaient pratiquement disparu de nos forêts.

Les chasseurs ne sont donc pas les seuls responsables de la raréfaction du gibier : l'extension des zones cultivées s'est faite au détriment des marais, des étangs, des chènevières et des bois, la mécanisation des cultures et l'emploi de produits chimiques à tous les stades de la production ont bouleversé l'équilibre écologique et modifié les habitudes des animaux, en supprimant parfois jusqu'à leur nourriture.

Sachons donc découvrir les traces de ce gibier, à la fois chassé et protégé, au cours de nos promenades et laissons lièvres, perdrix et chevrettes habiter en paix nos belles forêts.

M.B.

 

(D'après R. Rieupeyroux, la Chasse en France, du Moyen Âge à la Révolution, CNDP/CRDP Poitiers, 1984)

 

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