Que maudite soit la guerre !
Rien qu'à Thuré, 90 noms sont gravés sur le marbre du monument. 90 qui ne revinrent pas. 81 sont tombés entre 1914 et 1918, la plupart avaient entre 17 et 25 ans, mais ils pouvaient en avoir 30 ou 40 et croyaient faire la Der des Der.
La Vienne est l'un des cinq départements de la 9e région militaire à laquelle ces hommes appartenaient.
Quelques-uns ont été rapatriés et sont inhumés dans le cimetière de Thuré. Sur leur tombe est gravé : Emile Amiet, 232e R.I., 30 ans, 16 octobre 1914. Maxime Julien Blais, Neufchâteau, 4 novembre 1914, 23 ans. René Barou, 21 ans, 8 septembre 1918. Paul Berton, 20 ans, tué à l'ennemi le 19 mai 1918, canonnier au 59e régiment d'artillerie, 2e batterie. Henri Braguier, de Sossais, tombé au champ d'honneur au combat de Port-sur-Seilles le 12 mars 1915 à l'âge de 29 ans. Daniel Catin, brancardier au 68e R.I., à la cote 304 N.O. de Verdun le 23 avril 1916, 24 ans. Julien David, 49e R.A., 23 ans, 16 septembre 1914 à Prunay (Marne). René Faulcon, Ypres, 15 février 1915, 23 ans. Pierre Poussard, Neuville-Saint-Vast, 16 juin 1915, 19 ans. Léopold Villaumé, 1918, 20 ans.
(Vous trouverez le lien vers la liste complète des noms gravés sur le monument aux morts en cliquant sur l'un des trois clichés ci-dessous).
NOUVEAU. _ Le 5 novembre 2003, le secrétariat d'Etat aux anciens combattants met en ligne le site mémoiredeshommes. Nous y avons recherché ceux de Thuré qui sont morts pour la France. Cliquer ici pour accéder au tableau.
Jacqueline Touzalin et Michel Degenne, son mari, nous ont transmis un dossier sur les circonstances du décès de deux soldats dont le nom figure sur le monument du village : Ernest et Alléaume Soreau. Il nous ont donné l'autorisation de le publier.
Clic ici pour accéder à la page monument aux morts de Thuré... |
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Les paroles de "la Chanson de Craonne" composées en 1917 par un Poilu anonyme ont longtemps été interdites par les autorités. Ce texte est pourtant poignant de vérité et chacun dessus pourrait méditer. |
... aller au site de l'Association 14-18
... ou revenir p. 10 |
La Chanson de Craonne Quand au
bout de huit jours le repos terminé Refrain : Adieu
la vie, adieu l'amour, Huit jours de tranchée,
huit jours de souffrance, |
Soudain
dans la nuit et dans le silence Refrain. C'est
malheureux de voir sur les grands boulevards Ceux
qu'on l' pognon, ceux-là reviendront Ce sera
votre tour messieurs les gros
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C'est par la révolte des Poilus du Chemin des Dames en mai 1917 que change quelque peu leur condition. Les "mutins" n'étaient pas des déserteurs, mais des grévistes de la guerre. Ils exigeaient l'arrêt immédiat des offensives inutiles. Ils n'acceptaient de se battre que si l'état-major prenait toutes les dispositions nécessaires au succès des actions ponctuelles qu'il entreprenait encore sur le front. Ils ont gagné le droit de survivre en êtres humains, l'augmentation de la fréquence des permissions, un roulement dans l'occupation des secteurs.... et la destitution des officiers incompétents et brutaux. Sur 2.900.000 soldats, seulement 40.000 se mutinèrent et il y eut 50 exécutions. Il était juste que l'Etat, par la voix du président Jospin, leur accorde sa reconnaissance _ bien que trop tardivement _ et il est à souhaiter qu'ils soient réhabilités officiellement. |
Bibliographie de quelques témoins directs : "les Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918", Louis Barthas; "les Croix de bois", Roland Dorgelès; "le Feu", Henri Barbusse; "Verdun", Jules Romain; "A l'Ouest rien de nouveau", Erich Maria Remarque; "Orages d'acier", Ernst Jünger; "Ceux de 14", Maurice Genevoix; début de "Voyage au bout de la nuit", Céline; "Journal de guerre d'un Poilu civraisien", Paul Clerfeuille; et bien d'autres encore... "Un long dimanche de fiançailles", d'après l'oeuvre de sébastien Japrisot : sortie en salles le 27 octobre 2004. |
Les oubliés de la victoire, ceux de l'Armée d'Orient C'est dans le wagon de Rethondes que fut signé le second armistice, le second car un premier, décisif, fut signé le 29 septembre 1918. Ce premier armistice arraché par les hommes de Franchet-d'Espérey reste trop ignoré comme il l'a été à l'époque par l'opinion française qui n'avait d'yeux que pour le "vainqueur de la Marne", Joffre. Cet événement fut pourtant majeur dans la conclusion de la guerre. A notre avis l'issue du conflit s'est jouée par où il a commencé, en Orient dans les Balkans, tout près de Sarajevo, à Salonique. C'est pourtant l'armée d'Orient, celle tant décriée par Joffre et Clemenceau, moquée et insultée (ne les a-t-on pas appelés les jardiniers de Salonique car réduits à rendre fertiles des terres incultes pour survivre oubliés de l'état-major), qui, par la campagne de Macédoine, provoqua des armistices en chaîne et sonna le glas des empires centraux. Ces poilus d'Orient de Sarrail et ensuite de Franchet-d'Espérey (arrivé en juin à Salonique "limogé" par l'état-major interallié après l'échec de mars 18 où il n'avait pas hésité à faire décimer, sans protections d'artillerie, des troupes d'élite pour la reprise des hauteurs de la Vesle), ces soldats qui sont allés au bout de la souffrance, qui souvent après avoir connu la sinistre cote 304 et Craonne en France ont repoussé l'armée Germano-Bulgare au fameux Piton Rocheux _ cote 1248 _ après des années de combats incessants, aussi contre le froid, la chaleur, la faim, la soif, les maladies, la misère dans les tranchées de Grèce en territoire hostile. Cette incroyable armée d'Orient dépourvue de tout qui des charniers de Gallipoli et du Kaimaktchalan, de la boucle de la Cerna et qui par la victoire fulgurante du Dobropoljé a ouvert la route de Belgrade et de Budapest, ces soldats en loques qui en désagrégeant le groupe des ennemis, en les coupant en deux, ont avancé la fin du cauchemar... Comme Dorgelès qui a dit : "Je déteste la guerre mais j'aime ceux qui l'on faite", nous souhaitons honorer ces mal nommés, ces "embusqués", de Salonique, ceux de la campagne d'Orient à qui l'on doit beaucoup. Christian Pouffarin. Pour qui veut en savoir plus, lire ou voir le film Capitaine Conan (Roger Vercel), les Poilus d'Orient (Pierre Miquel), Balkans 14/18 ou le chaudron du diable (André Ducasse). |